Luca de Meo quitte Renault: la fin d'une Renaulution

Un tournant après cinq années à la tête du Groupe Renault

Luca de Meo, architecte de la "Renaulution", a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de Directeur Général du Groupe Renault le 15 juillet 2025. Le dirigeant italien, arrivé en 2020 pour redresser un constructeur en pleine tourmente, a choisi de poursuivre sa carrière en dehors du secteur automobile. Son départ marque la fin d’un chapitre marquant dans l’histoire récente de l’industrie automobile européenne.

De la gestion de crise à une refondation stratégique

À son arrivée, Renault était fragilisé: marges réduites, climat interne tendu après le départ de Carlos Ghosn, et une stratégie floue. Luca de Meo a rapidement réorienté l’entreprise autour d’un plan ambitieux: baisse des coûts, recentrage technologique et scission du groupe en plusieurs entités spécialisées, notamment Ampere (véhicules électriques) et Horse (groupes motopropulseurs thermiques et hybrides).

Ce programme de transformation a permis de stabiliser l’organisation tout en renouvelant la gamme de produits avec des modèles tels que la Renault 5 E-Tech, la Mégane E-Tech Electric ou encore le Renault Austral, tous salués pour leur alignement avec les attentes du marché.

Redressement financier et cap sur l’avenir

D’après les chiffres communiqués, Renault a enregistré en 2023 les meilleurs résultats financiers de son histoire, avec un bénéfice opérationnel dépassant les 2 milliards d’euros et une marge de 7,9%, contre seulement 2,8% en 2020. Le cours de l’action a également rebondi, malgré un environnement géopolitique et économique tendu.

Le départ de Luca de Meo est présenté comme un choix mûri. "Il arrive un moment où l’on sait que le travail est accompli", a-t-il déclaré. Il a indiqué vouloir désormais mettre son expérience au service d’autres secteurs, sans préciser lesquels.

Des voitures à la haute couture
Le nouveau secteur dans lequel évoluera Luca de Meo est désormais connu: à compter du 15 septembre 2025, il deviendra directeur général du groupe français de luxe Kering, maison mère de marques telles que Gucci, Saint Laurent ou encore Balenciaga. Ce changement s’inscrit dans le cadre d’une réorganisation de la gouvernance, au terme de laquelle le président François-Henri Pinault cédera la direction opérationnelle.
Pour Kering, cela marque une nouvelle étape dans son développement; pour De Meo, il s’agit d’un tournant remarquable dans sa carrière. Cette nomination illustre à quel point le leadership stratégique et le sens de la marque peuvent aujourd’hui s’appliquer à différents secteurs, de l’industrie automobile à l’univers du luxe.

Un bilan contrasté, mais une vision affirmée

Si le bilan global est salué, certains aspects de la transformation suscitent débat. La restructuration du réseau de distribution en Europe a rencontré des résistances, tout comme le lancement boursier d’Ampere, finalement reporté, notamment en raison du retrait de Nissan du projet.

De plus, Renault reste très dépendant du marché européen, tandis que des concurrents comme Stellantis ou Hyundai accélèrent leur internationalisation et diversifient leur production de véhicules électriques au-delà du continent.

Une succession stratégique en préparation

Le Conseil d’administration, présidé par Jean-Dominique Senard, a engagé le processus de succession, basé sur un plan déjà établi. Il a exprimé sa pleine confiance dans l’équipe de direction pour assurer la continuité et accélérer la mise en œuvre de la stratégie engagée. Luca de Meo continuera à exercer ses fonctions jusqu’au 15 juillet.

Une figure forte de l’industrie européenne

Le départ de Luca de Meo marque aussi celui d’une voix influente dans l’automobile européenne. Apprécié pour son sens du marketing (Volkswagen, Audi, SEAT) et sa vision industrielle, il a permis à Renault de passer d’une gestion de crise à une dynamique tournée vers l’innovation: électrification, logiciels embarqués, partenariats industriels…

Et après?

Le nom de son successeur n’a pas encore été dévoilé. Le futur dirigeant devra consolider les acquis de la Renaulution tout en relevant de nouveaux défis: rentabilité des véhicules électriques, développement international, digitalisation de l’offre et adaptation à une concurrence globale intense.

Renault entame une nouvelle phase où l’équilibre entre continuité stratégique et capacité d’innovation sera plus que jamais déterminant.