Parler des VE sans scrupules

Essai routier Leapmotor C10 (69,9 kWh - 218 ch/160 kW)

Dans l'habitacle du Leapmotor C10, un CUV électrique aux dimensions généreuses et au prix compétitif, on constate une fois de plus que les voitures ne peuvent plus se passer de microprocesseurs, de chaînes de puissance intégrées et d'interfaces intuitives semblables à celles d'un smartphone. La suprématie des écrans tactiles est imparable, les constructeurs automobiles sont devenus des entreprises de haute technologie. Les constructeurs chinois ont gagné la course à l'électrification des véhicules et dotent désormais nos voitures d'applications électroniques orientées vers le consommateur.

Le Leapmotor C10 - comme beaucoup de nouvelles voitures - a également capitulé devant la tendance à la suprématie de l'écran tactile. Dans cette C10, cependant, les ingénieurs et les concepteurs ont éliminé les boutons et les interrupteurs avec un peu trop d'entrain. Là où les constructeurs - surtout européens - veulent retirer de l'écran tactile le contrôle des fonctions les plus évidentes de la voiture et réinstaurer le bouton physique "tourner et appuyer", ce n'est pas le cas chez Leapmotor.

Ce n'est pas le cas de Leapmotor, qui développe le matériel et le logiciel en interne et qui, contrairement à un fabricant suédois ou américain, place volontiers un deuxième écran, encore plus petit, dans le champ de vision du conducteur, en plus du grand écran central. Cela signifie qu'il n'est pas nécessaire de regarder cet écran central pour connaître les informations les plus importantes sur le véhicule.

Petite mais pas impuissante

Comme le suggère ce qui précède, dans la culture automobile chinoise d'aujourd'hui - et en partie grâce au matériel et au logiciel qu'elle a elle-même mis en place - Leapmotor, fondée en 2015 seulement, s'est rapidement imposée comme un spécialiste des véhicules électriques de haute technologie. Or, celui-ci n'est certainement pas une exception en Chine, où il existe aujourd'hui plus de 130 marques automobiles, dont la grande majorité chérit la propulsion électromagnétique, sans pour autant réduire définitivement le classique moteur à combustion interne en miettes.

Leapmotor est ce que l'on peut qualifier de petit acteur chinois. Dans le classement mondial basé sur la capitalisation boursière, Leapmotor n'apparaît pas dans le top 50. Dans le top 10 chinois dirigé par BYD, vous ne trouverez pas non plus le nom de Leapmotor. C'est là où BYD apparaît dans le classement mondial par capitalisation boursière, après Tesla et Toyota.

D'un autre côté, la capitalisation boursière de Leapmotor ne doit pas non plus être minimisée. En effet, 4,6 milliards de dollars pour Leapmotor contre 4,1 milliards de dollars pour Mitsubishi Motors, 3,9 milliards de dollars pour Mazda et 1,2 milliard de dollars pour Aston Martin. Il est bon de savoir que Leapmotor a conclu un partenariat avec Stellantis pour son réseau de concessionnaires en Europe et en Amérique.

T03, B10, C10 et C10 REEV

Leapmotor a déjà fait son apparition sur notre marché avec un véhicule compact, manifestement électrique, le T03. Beaucoup l'ont qualifiée - à juste titre d'ailleurs - d'alternative à la Dacia Spring. Un SUV du segment A: compact mais, comme la Dacia Spring, essentiellement électrique à un prix acceptable. Cela vaut également pour le C10 présenté dans ces lignes. Certes, elle est un peu plus grande que la compacte T03. Mais en tant que SUV C - qui se rapproche même des dimensions d'un SUV D en termes de dimensions - outre ses qualités spatiales, il offre des caractéristiques EV favorables pour le prix de concurrents généralement plus petits et dotés de dimensions plus réduites.

Outre les T03 et C10, un B10 électrique a déjà été présenté au dernier Salon de Paris. Ce modèle devrait combler le vide entre le T03 et le C10 dans la gamme Leapmotor. Entre-temps, Leapmotor nous a également présenté le C10 REEV. Ce modèle utilise la même plate-forme dédiée aux VE que le C10, mais il s'agit d'un VE à autonomie étendue, auquel Leapmotor attribue une désignation de type REEV.

Fondamentalement, il s'agit d'un véhicule doté du même groupe motopropulseur électrique: la chaîne cinématique est donc toujours électrique, mais un prolongateur d'autonomie est utilisé pour une partie de la production d'énergie. D'un point de vue purement technique, comme Mazda et Nissan l'ont déjà fait, il s'agit d'une configuration hybride en série. Le Leapmotor C10 REEV est donc équipé d'un moteur à essence trois cylindres de 1,5 litre monté sous le capot. Ce moteur à carburant fossile n'entraîne donc jamais les roues. La seule fonction de ce moteur à combustion interne est d'entraîner un générateur pour produire de l'énergie supplémentaire à bord.

Ventilation et chauffage des sièges

Les dimensions que nous reprenons dans la fiche technique - voir la longueur et l'empattement - montrent que le C10 surclassé dans le segment des SUV C flirte avec les dimensions des SUV D. Ce qui, dans le cas de ce SUV électrique, se traduit par une abondance d'espace habitable, selon les normes du SUV C.

À l'avant comme à l'arrière, cette sensation d'espace confortable prédomine, avec également, à l'arrière, un espace considérable pour les jambes. En ce qui concerne le coffre, les caractéristiques de volume favorables sont également mises en évidence, avec des capacités allant - en fonction de la configuration des sièges choisie - de 435 à 835 litres.

Selon certains documents, la C10 serait dotée d'un coffre avant. Nous l'avons cherché en vain dans notre modèle d'essai. L'idée qu'il n'y aurait pas assez de place pour un tel coffre n'est certainement pas vraie. En revanche, l'habitacle était équipé de quelque 25 compartiments de rangement. Sous le plancher du coffre, on trouve également deux compartiments de rangement pour les câbles de recharge.

En termes de finition et de choix des matériaux, ce constructeur chinois n'a pas de leçon à recevoir. L'intérieur est confortable et joliment éclairé lors des trajets nocturnes. Des matériaux solides ont été utilisés, c'est-à-dire que l'utilisation de plastiques durs au toucher a été limitée. Le revêtement des sièges mérite également d'être mentionné. Non, il ne s'agit pas de cuir véritable, mais d'une variante artificielle au toucher similaire. D'ailleurs, les sièges (à l'avant) sont équipés de série d'un système de ventilation et de chauffage.

Petits bémols

Comme nous l'avons mentionné et à l'instar de nombreuses nouvelles voitures électriques, les concepteurs de la C10 ont également cédé à la suprématie de l'écran tactile et ont volontairement abandonné les boutons et les interrupteurs. Les lecteurs fidèles savent maintenant que l'interface de contrôle d'une voiture équipée d'un ordinateur, censée être intuitive mais ressemblant à celle d'un smartphone, n'a jamais été ce que nous préférions. Car même aujourd'hui, nous avons dû faire l'expérience que le fait de swiper et de sélectionner des icônes sur un écran tactile central nécessaire à cet effet cause plus de distractions dans le trafic que la manipulation d'un simple cadran physique ou d'un bouton poussoir.

Hormis le combiné d'instruments situé derrière le volant et l'écran tactile central de 14,6 pouces, vous ne trouverez pas d'interrupteur ou de bouton-poussoir dans ce cockpit à l'allure professionnelle. Même les rétroviseurs extérieurs et les bouches d'aération cachées ne peuvent pas être commandés de manière traditionnelle, c'est-à-dire manuellement. Pour pratiquement toutes les fonctions, vous devez parcourir l'écran multimédia ou utiliser des boutons multifonctions plus difficiles à trouver sur le volant.

Le fait que la structure des menus soit conçue de manière intuitive, que les icônes soient très nettes et que le matériel et le logiciel développés par Leapmotor réagissent à la vitesse de l'éclair est une bonne chose. Cependant, le client moyen qui se rend chez Leapmotor avec sa C10 - comme nous - s'attend à un processus d'accoutumance numérique stressant.

Les systèmes électroniques d'aide à la conduite tels qu'ils existent: l'alerte et l'assistance au maintien de la trajectoire, les limitations de vitesse, le temps de repos et la tasse de café... Après quelques manipulations, tout cela peut être désactivé. La pesée, en revanche, doit être répétée à chaque redémarrage, ce qui ne manque pas de générer un stress supplémentaire.

Électrique

Comme l'indique la fiche technique, le groupe motopropulseur du C10 se compose d'un moteur électrique de 218 ch monté transversalement entre les roues arrière, alimenté par une unité de stockage d'énergie d'une capacité nette de 69,9 kWh. La charge en courant alternatif est possible jusqu'à 11 kW. Pour la charge sur un chargeur rapide à courant continu, Leapmotor fournit un chargeur embarqué à courant continu d'une puissance maximale de 83 kW.

Ces chiffres ne sont pas immédiatement spectaculaires. Cependant, le client visé par Leapmotor, qui veut beaucoup de VE à un prix raisonnable, sera d'accord avec ces puissances maximales de charge AC et DC, les distances de conduite revendiquées jusqu'à 420 km, la vitesse maximale de 160 km/h et la consommation d'énergie plausible. Nous pensons déjà que c'est facile avec une consommation moyenne de 18,4 kWh/100 km.

Commandes et sous-menus

Nous préférons le bon vieux bouton de commande physique à l'interaction homme-machine de type smartphone. De même, nous préférons la clé de contact, tout aussi conventionnelle, au déverrouillage "sans clé" et aux procédures de démarrage. Dans le cas de la C10, vous n'avez pas de clé, mais une carte (clé), qui doit être utilisée pour toucher un capteur dans le boîtier du rétroviseur extérieur afin de le verrouiller ou de le déverrouiller. Pour démarrer, cette même carte doit être placée sur la station de charge pendant un certain temps. Cela fonctionne parfaitement, nonobstant. Cependant, vous n'arriverez pas encore à nous convaincre de l'utilité d'une telle carte, perdue à plusieurs reprises.

Comme indiqué, certaines fonctions de contrôle cruciales sont cachées dans des sous-menus. Lorsque vous en avez directement besoin, la recherche est source d'agitation. Où sont les lève-vitres électriques, le réglage des rétroviseurs? Comment changer la régénération des freins entre basse, standard et haute? Où initialiser le mode "une pédale"? Des questions se posent également sur le réglage des modes de la boîte de vitesses. Car: pas directement à l'écran, mais via des sous-menus - et jamais ou pas du tout réglables en roulant.

De cellule à châssis

Soucieux d'accroître l'espace intérieur et d'améliorer l'efficacité de la batterie, Leapmotor a opté pour une approche "cellule-châssis". Dans ce type de conception, la batterie est structurellement intégrée ou fait partie du châssis. Il en résulte une plus grande rigidité à la torsion. Cette rigidité torsionnelle est immédiatement perceptible sur le C10 et profite clairement à la maniabilité et à la tenue de route. Après seulement quelques virages, vous ressentez déjà cette sensation de solidité et vous avez l'impression que cette C10 roule comme un train. Il va résolument droit devant lui et ce, sans la moindre correction de la direction.

La suspension - totalement adaptée aux utilisateurs de ce type de voiture - est confortablement réglée. Elle ne permet pas de prendre des virages rapides, à moins que vous ne trouviez le mode sport. La direction et le freinage ne sont pas en reste.

Conclusion

Nous n'avons rien contre les microprocesseurs, les chaînes de puissance intégrées ou les interfaces matérielles hyper-sophistiquées pilotées par logiciel. La suprématie de l'écran tactile commence cependant à nous rendre de plus en plus nerveux. Nous ne sommes évidemment pas constamment confrontés à des manipulations interminables pour accéder à la plus simple des fonctions automatiques de la C10. Mais pour une voiture au prix compétitif destinée à un large public qui serait mieux loti avec des commandes plus traditionnelles, c'est doublement regrettable.

Néanmoins, nous pensons que le C10 - conçu et construit par un constructeur chinois relativement jeune - et présenté comme un grand SUV électrique à cinq places, pourrait se profiler comme une voiture réellement intéressante. En raison de sa suspension confortable, de sa tenue de route ferme, de son espace intérieur généreux, de son impression de qualité solide, de son équipement riche, de son autonomie suffisante, de sa consommation d'énergie économique et de son prix intéressant. Cependant, l'apport supplémentaire d'un comportement classique - mieux adapté à ce type de voiture - fait de ce Leapmotor C10 un nouveau venu dans le domaine des VE qui n'a pas à rougir de ses performances.