Du camion diesel au transport sans émissions
Le 25 mars, le dernière acquisition de la flotte de Ninatrans a été présentée au grand public. Et il ne s'agit pas de n'importe quoi. En collaboration avec les partenaires Flanders Make et Brussels Airport, et avec le soutien de VLAIO, Trova a transformé le groupe motopropulseur d'un camion Volvo FH. Il est passé d'un camion diesel à un camion électrique à batterie, entièrement homologué et pour un coût inférieur d’un tiers à celui d’un camion électrique neuf. CarFix était présent au moment de la livraison officielle et des premiers mètres avec, sur le siège passager, la ministre flamande de la Mobilité, des Travaux publics, des Ports et des Sports, Annick De Ridder.

Une ingénierie innovante
Quelle est l'histoire du nom Trova? En latin, il signifie 'tu vas trouver'. L'entreprise et son directeur, Patrick Collignon, un ancien de Volvo, sont déterminés à trouver des solutions circulaires pour le secteur des transports. "Parce que les fabricants ne s'intéressent pas au réemploi. Ils s'intéressent au recyclage, mais ce n'est que le point final de la circularité."
Après un parcours de moins de trois ans, Trova a pu présenter le fruit de ces efforts: la conversion d'un camion diesel en un camion tout électrique, homologation comprise.
"Il n'est pas nécessaire d'aller à Palo Alto pour voir de l'ingénierie innovante. Il y en a également ici, en Flandre, grâce à de solides collaborations. Une grande partie de l'industrie automobile a quitté la Belgique, mais grâce à cette technologie, nous pouvons ancrer industriellement l'automobile 2.0 chez nous. Ce type d'adaptation offre aux entreprises de transport la possibilité d'opérer sans émissions de manière rentable."

Une technologie trop chère et trop lente

Le transport routier est aujourd'hui l'une des plus grandes sources d'émissions. Les camions en représentent environ 2%, mais le secteur est appelé à grignoter ces chiffres: d'ici 2035, 65% des émissions devront être réduites.
"La technologie existe, mais son prix est élevé (trois fois plus qu'un camion standard) et les délais sont longs. Notre solution de modernisation peut donc être un accélérateur: en une semaine et pour un tiers du prix, nous pouvons fournir un nouveau groupe motopropulseur électrique. Il s'agit ici d'un camion Volvo FH de 8,5 ans avec 730.000 km au compteur, qui est maintenant prêt pour une seconde vie avec des packs de batteries de 300 kW et 480 km d'autonomie", explique Jan Bracke, directeur de Trova et ancien de GM Motors.
Du diesel à la batterie en une semaine, pour un tiers du prix
Remplacement du coeur et du cerveau
Pour mettre au point cette solution sur le plan technologique, Trova a compté sur le soutien de Flanders Make, entre autres. Bert Dexters, Account Manager, explique l'approche: "En fait, nous retirons le cœur et le cerveau, le moteur et le logiciel, du camion. En effet, il faut non seulement intégrer un groupe motopropulseur électrique, mais aussi assurer une communication sans faille avec les systèmes d'origine du véhicule et veiller à ce que les fonctions essentielles de diagnostic et de sécurité continuent de fonctionner." C'est pourquoi le travail est effectué selon le principe de rétro-ingénierie des systèmes existants du véhicule.

Approche multimarques
Tout a commencé par des simulations approfondies afin de sélectionner les 'nouveaux' composants d'entraînement optimaux. Les performances du camion ont également été calculées sur la base de profils de conduite réalistes. Ces modèles théoriques ont ensuite été testés dans un environnement MIL (Model-in-the-Loop), qui a permis d'optimiser le logiciel du véhicule dans un environnement virtuel avant de l'appliquer au camion.
Par ailleurs, la conception était basée sur un berceau de composants modulaires. Il s'agit d'une structure sur laquelle sont montés tous les systèmes auxiliaires du groupe motopropulseur, conçue pour être compatible avec différentes marques et différents types de camions. Flanders Make a également développé un faisceau électrique adapté et un système de refroidissement efficace.
Dexters: "Le projet avec e-Trova se poursuit pendant une année supplémentaire afin de développer la technologie et de la rendre adaptable à différentes marques. Nous voulons ouvrir la voie à une adoption plus large de l'électrification à posteriori dans le secteur des transports."
Une batterie à la place d'un réservoir de diesel

Le fait qu'un camion électrique soit possible a tout à voir avec les progrès de la technologie des batteries et la densité d'énergie plus élevée atteinte aujourd'hui. Jan Bracke: "Nous avons placé les batteries là où se trouvaient le réservoir de diesel et la post-combustion du moteur diesel, c'est-à-dire entre les roues et à côté de la poutre du châssis. Nous adoptons une approche modulaire d'environ 100 kWh par pack, ce qui nous permet d'aller jusqu'à 600 kWh."
Le fait que le camion proposé ait finalement obtenu une autonomie inférieure s'explique par son profil de conduite. La plupart des camions effectuant des transports nationaux parcourent moins de kilomètres par jour. Pour les transports longue distance, les temps de conduite et de repos deviendront la référence en matière d'autonomie.
"Ce genre de rénovation offre aux entreprises de transport la possibilité d'opérer sans émissions"
Faisable et abordable
Qu'en est-il du poids? S'il faut plus de 200 km de batteries, on perd 1 à 2 tonnes de charge utile. "Mais en fonction de la charge, ce n'est pas forcément problématique. Parfois, c'est le volume plutôt que le poids qui est décisif", ajoute Bracke.
Ce camion rejoindra la flotte de Ninatrans, où il sera utilisé pour les navettes à l'intérieur et autour de l'aéroport. Ninatrans n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai. L'entreprise a déjà présenté en primeur un écocombi et un camion fonctionnant au gaz naturel liquéfié.
"Nous pouvons être fiers de notre secteur des transports qui opte pour des innovations réalisables et abordables. Le transport durable est une priorité absolue pour notre gouvernement. Des initiatives telles que le modèle de modernisation de Trova montrent comment l'innovation, l'esprit d'entreprise et la coopération peuvent assurer l'avenir de notre système de mobilité", a conclu De Ridder.