Pièces automobilesPremium

De Schoenkliniek prouve que la cordonnerie n'est pas un metier disparu

“nous aussi nous devons constamment nous reinventer”

Cela fait maintenant 15 ans que Jourdan Govaere travaille à la cordonnerie De Schoenkliniek. A la base, il est cuisinier de formation. Mais issu d'une famille où l'on exerçait des métiers liés à la chaussure, il est finalement arrivé à la cordonnerie. “Le cordonnier chez qui je suis allé en apprentissage a promis de tout m'apprendre. A deux conditions: que je le prévienne à temps lorsque je serais prêt à me lancer seul afin qu'il puisse chercher un remplaçant et que je n'ouvre pas mon commerce trop près du sien”, déclare Jourdan en riant. “Et c'est ce que j'ai fait.”

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere
“J'ai eu l'avantage d'être dans une cordonnerie où travaillaient six personnes. Chacune avait sa propre méthode pour arriver au même résultat. J'ai pris le meilleur de chacun et c'est comme ça que je suis arrivé à ma propre méthode”, dit Jourdan

Faire de sa passion son metier

Une famille de cordonniers

Jourdan Govaere a la réparation de chaussures dans le sang. Il incarne la quatrième génération de sa famille active dans la branche de la chaussure d'une manière ou d'une autre. Son arrière-grand-père tenait une cordonnerie, son grand-père était représentant et son père était marchand de chaussures. “Mes grands-parents se sont mêmes rencontrés grâce à leur métier dans la branche de la chaussure”, dit Jourdan en riant. “Mon grand-père était représentant, il parcourait toute la Belgique avec des chaussures et il cherchait souvent les modèles les plus récents. Comme il n'existait pas encore de GSM à l'époque, il faisait un dessin de la paire qu'il avait vue. Et c'est avec ces dessins qu'il se rendait à l'usine de chaussures de Wetteren, l'usine des parents de ma grand-mère, afin que ces modèles puissent être fabriqués dans l'usine. C'est comme ça que ces deux-là se sont connus.”

Dans l'ADN

“La réparation de chaussures est certainement gravée dans mon ADN”, poursuit Jourdan avec conviction. “Si ce n'est pas le cas, on ne reste pas dans ce métier. Il faut le ressentir dans ses tripes.” Même s'il est tombé dans la marmite quand il était petit, sous l'influence de ses (arrière-)grands-parents, Jourdan a commencé comme cuisinier. “A la maison, ils n'étaient pas très enthousiastes que je me lance dans la cordonnerie. A ce moment-là, ils voyaient peu d'avenir pour ce métier. Je suis cuisinier de formation mais j'ai toujours été titillé par l'idée de me diriger vers la cordonnerie. J'ai franchi le pas il y a 15 ans.”

Apprendre dans la pratique

Cette réorientation professionnelle drastique a commencé à Bruxelles, où Jourdan est allé suivre des cours du soir en cordonnerie. “C'était la dernière année où je pouvais le faire donc j'ai saisi l'occasion. Pendant ce temps, je continuais à travailler comme cuisinier et je prenais un maximum de congé pour donner un coup de main chez un cordonnier. Je le faisais bénévolement, uniquement pour accumuler de l'expérience. La réparation de chaussures ne s'apprend pas dans les formations. Celles-ci n'inculquent que la base. Le vrai métier s'apprend dans la pratique. Et j'ai eu l'avantage d'être dans une cordonnerie où travaillaient six personnes. Chacune avait sa propre méthode pour arriver au même résultat. J'ai pris le meilleur de chacun et c'est comme ça que je suis arrivé à ma propre méthode. S'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est qu'on peut tout faire avec une chaussure: modifier sa couleur, la rendre plus haute ou plus basse … on pourrait quasiment transformer une chaussure droite en chaussure gauche” dit Jourdan. “Le client demande, nous exécutons.”

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere
Cet ingénieux système de rangement first in first out pour le cirage a été inventé par Jourdan

De schoenkliniek

Du n° 28 au n° 50

C'est avec un excellent bagage que Jourdan a décidé de se lancer seul. Il a ouvert une cordonnerie à la Wallenstraat au numéro 28. Il y a travaillé un an. “Mon collègue Michel est le premier à m'avoir rejoint, au début à temps partiel. Aujourd'hui, il travaille encore avec moi. Depuis 14 ans, donc. Et il y a dix ans, ma femme Delphine a également rejoint l'aventure. Elle est surtout au magasin mais elle s'occupe aussi de nettoyer les chaussures et de remplacer les piles des montres.” En 2013, Jourdan a déménagé son magasin au numéro 50 de la même rue. “Nous louions le premier bâtiment et celui-ci était une construction neuve”, dit-il. “En outre, nous pouvions habiter au-dessus. Et c'est pratique d'habiter tout près de son travail. Surtout quand on a deux enfants”, ajoute Delphine. Aujourd'hui, nous sommes à quatre dans l'atelier et au magasin De Schoenkliniek.

Interieur

“Pour la conception de l'intérieur, nous avons fait appel à un bureau. Mais nous avons beaucoup participé à cette conception car ce bureau n'avait aménagé que des magasins de vêtements et de chaussures. Comme une cordonnerie nécessite une conception spécifique, nous avons énormément contribué au projet”, déclare Delphine. “Toutefois, nous avons eu besoin d'un architecte d'intérieur pour tout harmoniser.” Les produits de nettoyage sont rangés dans un ingénieux système fabriqué par Jourdan. “L'étagère fonctionne selon le principe ‘first in first out’, les nouveaux produits se retrouvant dans le fond”, explique Jourdan. “Cela oblige le client à prendre le premier pot de la rangée. Aujourd'hui, nous voyons souvent ce système copié dans de nouvelles cordonneries.”

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere
Jourdan produit aussi des articles de maroquinerie comme ces bretelles. Lorsqu'il y a moins de chaussures à réparer, il peut toujours se raccrocher à sa production propre
De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere
Chez De Schoenkliniek, on ne trouve que des produits originaux. Par exemple, ces ceintures sont créées par un architecte italien et vendues en exclusivité chez De Schoenkliniek

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaerequalite, originalite et exclusivite

Production propre

La majorité des clients viennent à la cordonnerie ‘Schoenkliniek’ pour y faire réparer leurs chaussures. “La période la plus agitée s'étend d'août à décembre. Et une fois que ça se calme, nous compensons les déficits en produisant nous-mêmes. Par exemple, nous réalisons des chaussures ou des tabliers sur mesure et nous avons aussi une collection de bretelles que nous fabriquons de A à Z. A côté de ça, nous proposons des services comme la confection de doubles de clés ou de plaques minéralogiques. Mais nous sommes aussi en étroit contact avec l'horeca, qui peut venir faire affûter ses couteaux chez nous. Idem pour les particuliers. Ceux qui ont un set de couteau dans leur tiroir de cuisine peuvent le faire affûter chez nous. D'ailleurs, nous ne réparons pas uniquement des chaussures. Nous pouvons réparer tous les objets fabriqués en cuir, donc également les fauteuils, par exemple.”

Produits de qualité

L'éventuel manque de chaussures à réparer est également compensé par la vente de divers produits dans le magasin. Lorsqu'ils composent leur offre, Jourdan et Delphine cherchent toujours des produits qui ne sont disponibles nulle part ailleurs en Belgique. “La qualité est extrêmement importante pour nous”, dit Delphine. “Nous ne proposons jamais à nos clients des produits en lesquels nous ne croyons pas à 100%. Pensons à la mode des sneakers à la forme arrondie. Il y a deux ans, la demande de produits pour garder leur semelle bien blanche a fortement augmenté. Les fournisseurs ont lancé toutes sortes de nouveaux produits mais nous avons mis un an à trouver un produit efficace afin de pouvoir l'intégrer dans notre offre.”

Produits originaux

“Outre de la qualité, nous voulons aussi apporter de l'originalité dans notre offre. Nous cherchons toujours des choses qu'on ne trouve nulle part ailleurs”, poursuit Jourdan. “Par exemple, des chaussettes originales avec des motifs rigolos ou des lacets – nous avons environ 800 lacets différents dans notre offre. Nous avons aussi des ceintures qui sont disponibles chez nous en exclusivité. Elles proviennent d'un architecte de Milan qui les crée lui-même. Leur spécificité est que chaque détail est cousu séparément. Elles affichent un design unique avec des Vespas ou des golfeurs. Cela demande beaucoup d'énergie de chercher ce genre de produit. Mais ces efforts sont payants. Grâce à ces articles, nous pouvons nous distinguer des autres magasins et c'est pour eux que nos clients reviennent.”

Dépendant de la mode

Milan. “Une fois par an, malgré ma peur de l'avion, je me rends à Milan et j'y effectue des achats. Les lacets que nos proposons ici sont très difficiles à acheter, par exemple. Ils sont présents sur la chaussure originale mais nous voulons en proposer afin que nos clients puissent changer de couleur ou acheter une nouvelle paire. Le problème, c'est que les producteurs ne libèrent ces articles que lorsqu'ils n'en ont plus besoin pour fabriquer le produit d'origine. Nous ne pouvons donc recevoir ces lacets que lorsque la chaussure n'est plus fabriquée. Ainsi, nous dépendons totalement de la mode des chaussures et nous sommes souvent obligés d'être un peu en retard sur la mode. Il y a quelques années, nous avons vu beaucoup de chaussures avec une finition rose métallisé. Les gens venaient souvent nous demander du cirage adapté à cette finition mais nous n'en trouvions nulle part. Ce n'est que deux ans plus tard, lorsque cette tendance est passée, que nous avons pu obtenir un cirage adéquat. Mais il était trop tard. C'est très frustrant Nous aimerions devancer la mode mais l'industrie ne le permet pas.”

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaere

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaereun metier disparu? Pas du tout!

De Schoenkliniek n'a pas l'impression que les gens font moins réparer leurs chaussures. “Je constate que nous sommes en train d'effectuer le mouvement inverse”, remarque Jourdan. “Les gens se remettent à acheter des articles d'occasion et reprennent plaisir à faire réparer leur paire préférée afin de la faire durer une saison de plus. Cette mentalité est le fruit de la tendance à la durabilité. Bien sûr, nous aimerions voir plus de talons dans la rue mais la mode actuelle est aux sneakers. Et on ne peut pas modifier la mode. Plus encore: cette mode durera un certain temps. Ces sneakers n'auront pas disparu l'an prochain.
Il est donc important d'avoir une vision et de jouer dessus. Nous avons cherché une manière de nettoyer joliment les sneakers car elles se salissent vite ou une manière de les recoudre et d'y ajouter un nouveau lacet voire de remplacer les clous décoratifs dessus. Bien sûr, les gens n'ont pas toujours le réflexe d'apporter leurs sneakers chez le cordonnier. Mais la prise de conscience augmente.”

De Schoenkliniek Roeselare Jourdan Govaereun e-shop en plus du magasin

De Schoenkliniek est également présent en ligne. Tout ce qui est disponible dans le magasin peut aussi être commandé en ligne. “L'e-shop est actif mais il a du mal à décoller. Nous avons de temps en temps des commandes des Pays-Bas, principalement parce que nous proposons des produits uniques qui ne sont pas disponibles aux Pays-Bas. Nous trouvons notre e-shop fantastique. Nous y vendons des choses que nous ne pourrions pas vendre si nous n'étions pas présents en ligne.
Et cela demande très peu d'énergie; C'est pourquoi nous aimerions développer notre boutique en ligne mais bien sûr en conservant le magasin physique. Les deux vont de pair car le feed-back des clients et la communication avec eux nous sont indispensables. Et tout ça se passe dans le magasin. ”

Réparer les chaussures à distance

“Par ailleurs, nous offrons aussi la possibilité d'envoyer des chaussures pour les faire réparer. Les gens peuvent nous envoyer des photos en ligne et nous leur répondons pour leur indiquer les frais de réparation. Alors ils envoient leurs chaussures, je les répare et quand elles sont prêtes, elles repartent à leur propriétaire par la poste. C'est très pratique. Mais hélas, ce n'est pas encore très en vogue. Cette activité-là aussi, nous espérons la booster.”

“NOUS SOMMES SUR LE POINT D'exploser”

Quand on lui demande comment il voit l'avenir, Jourdan jubile. “Honnêtement, nous sommes sur le point d'exploser. Mais nous ne pouvons pas. L'endroit où nous sommes actuellement est trop limité pour faire ce que nous voulons. En fait, le temps nous apportera les réponses et nous verrons bien ce qui arrivera sur notre chemin.” 

Faites un essai gratuit!Devenez un partenaire premium gratuit pendant un mois
et découvrez tous les avantages uniques que nous avons à vous offrir.
  • checknewsletter hebdomadaire avec des nouvelles de votre secteur
  • checkl'accès numérique à 35 revues spécialisées et à des aperçus du secteur financier
  • checkVos messages sur une sélection de sites web spécialisés
  • checkune visibilité maximale pour votre entreprise
Vous êtes déjà abonné? Cliquez ici pour vous connecter
S'inscrire gratuitement

Déjà enregistré ou abonné?Cliquez ici pour vous connecter

Inscrivez-vous à notre newsletter et conservez la possibilité de vous désinscrire à tout moment. Nous garantissons la confidentialité et utilisons vos données uniquement à des fins de newsletter.
Écrit par Melissa Himpe

En savoir plus sur

Print Magazine

Dernière édition

Nu lezen

Ontdek de nieuwste editie van ons magazine, boordevol inspirerende artikelen, diepgaande inzichten en prachtige visuals. Laat je meenemen op een reis door de meest actuele onderwerpen en verhalen die je niet wilt missen.

In deze magazine