L'hydrogène est prêt à réaliser sa percée!
Rubrique Mark Pecqueur - enseignant, chercheur et conférencier dans le domaine de l'automobile

Après plus de 24 ans d'activité dans le monde de l'hydrogène, c'est désormais clair: l'hydrogène est prêt à réaliser sa percée! Oui, je sais. Ce n'est certainement pas la première fois que cela est annoncé. Mais nous sommes en 2023, presque un an après l'explosion du prix du gaz naturel.
En août 2021, j'ai eu une mission de consultance pour un grand consommateur d'énergie, loin du monde de l'automobile. La question: pouvons-nous passer à un hydrogène 100% renouvelable? Quelques mois plus tard, le résultat est Oui, même un groupe d'entreprises dont les besoins en électricité sont supérieurs à 1 GW peut fonctionner avec de l'hydrogène liquide renouvelable.
Bien que ce ne soit pas évident. La technologie existe, les connaissances sont là et la volonté de le faire est présente. La pierre d'achoppement est toujours la même: le coût. En 2021, il était impossible d'expliquer aux gens que le coût de l'hydrogène renouvelable - à grande échelle alors - se situera entre 110 et 130 €/MWh. À l'époque, le gaz naturel destiné aux consommateurs en gros coûtait moins de 20 €/MWh et personne ne pensait que le gaz naturel pourrait un jour coûter plus cher que l'hydrogène renouvelable.
Quelques mois et une guerre plus tard, le monde a vu qu'il le pouvait. En effet, cet hydrogène renouvelable peut être relativement bon marché par rapport au gaz naturel. Cet événement a définitivement changé le point de vue de nombreux gros consommateurs sur l'hydrogène renouvelable. Ce combustible est désormais considéré comme le substitut ultime du gaz naturel.
"L'hydrogène sera l'épine dorsale de notre approvisionnement énergétique"
Les critiques invoquent alors à juste titre le fait qu'en matière de mobilité, il est beaucoup plus efficace de rouler à l'électricité et que nous pouvons mieux utiliser l'hydrogène renouvelable pour les grandes industries qui n'ont pas d'autre choix. Ils ont raison si l'on se place du point de vue de l'efficacité. Dans la vie réelle, cependant, l'efficacité compte peu, mais le prix l'est d'autant plus.
En matière de mobilité, grâce aux accises massives que nous payons maintenant, nous sommes habitués à des prix artificiellement élevés. Si demain nous payons 6 à 7 euros/kg pour l'hydrogène renouvelable, rouler avec ce carburant sera beaucoup moins cher que la conduite électrique, tant pour les voitures que pour les camions. Et ce n'est qu'un début. Si nous nous projetons dans l'avenir, le prix de l'hydrogène renouvelable pourra encore descendre à 2 ou 3 euros/kg.
La question qui se pose alors est la suivante: d'où doit provenir cet hydrogène renouvelable? En Belgique, et par extension en Europe, les possibilités sont peu nombreuses. Seuls les pays comme l'Espagne, avec beaucoup de soleil et de surface ouverte, sont capables de produire suffisamment d'énergie. Pour la Belgique, il n'y a qu'une seule option: importer de l'hydrogène renouvelable depuis des régions riches en énergie solaire. La Belgique doit faire les bons choix pour savoir à qui nous achèterons cet hydrogène renouvelable et comment le stocker correctement dans notre pays, tout comme nous le faisons actuellement avec le gaz naturel liquéfié.
L'avenir est donc prometteur. Ceux qui ont des panneaux solaires achèteront une voiture électrique. Pour ceux qui n'aiment pas la conduite électrique et même pour ceux qui ne peuvent se passer de leur gros V8 ou de leur moteur à combustion interne classique, il y a la voiture à hydrogène renouvelable.