"La réglementation évolue à un rythme effréné"
TRAXIO Construct pointe plusieurs défis pour les carrossiers-constructeurs

Peu de gens s'y attardent, mais la plupart des camions, bétonnières, dépanneuses ou camions de pompiers sont passés par un carrossier qui a livré le véhicule adapté aux besoins du client. Ce groupe de professionnels s'est réuni sous les ailes de TRAXIO Construct. Au sein de TRAXIO, Luc Schets est responsable de la division Carrossiers-Constructeurs. Un secteur qui s'avère contenir bien plus que ce que l'on peut imaginer.
Qui représente le secteur de la construction de carrosseries au sein de TRAXIO?
Luc Schets: "La carrosserie comprend bien plus que les travaux de carrosserie en tant que tels, comme les réparations. Il s'agit de toutes les entreprises qui transforment ou construisent des véhicules. Ce segment est encore élargi aux fabricants de remorques, ce qui fait de nous la seule division de TRAXIO qui se consacre à l'industrie manufacturière. Il y a environ 300 entreprises dans notre pays qui ont déclaré que la carrosserie était leur activité principale. La plupart d'entre elles sont d'ailleurs reconnues officiellement par le gouvernement."
Ces entreprises ont-elles réellement besoin d'une telle reconnaissance?
"Certaines modifications mineures peuvent être effectuées par un service technique non reconnu, mais certaines activités nécessitent effectivement une reconnaissance gouvernementale. Si une entreprise veut effectuer certaines activités sans accréditation, elle doit invariablement conclure un partenariat avec une entreprise accréditée, sous la responsabilité de laquelle la transformation ou la construction se fera."
"Les entreprises agréées, par exemple, ne sont pas autorisées à faire office de simple secrétariat pour des entreprises non agréées. Celles qui sont agréées doivent construire. Les entreprises non agréées, en revanche, peuvent être engagées en tant que fournisseurs ou unités de production."

Quelle est l'importance du marché de la carrosserie?
"Ce marché ne doit certainement pas être sous-estimé. Tout le monde connaît les grands constructeurs, tels que Volvo, Scania, Renault, Mercedes, Iveco, MAN ou DAF. Mais ce que peu de gens savent, c'est que la plupart de ces camions sont également passés par l'un de nos membres. En effet, les armoires, les citernes, les bennes ou les bétonnières sont toutes construites par nos membres. Mais dans notre secteur, nous parlons également de camions de pompiers, d'ambulances, de transport de personnes handicapées, etc."
À propos de TRAXIO
TRAXIO est une fédération belge du secteur de la mobilité qui soutient les entrepreneurs en leur offrant des conseils et des services professionnels. Elle fournit une assistance juridique, fiscale, sociale et technique aux entreprises des secteurs de l'automobile, du vélo et de la moto, ainsi que de l'agriculture et de l'horticulture. TRAXIO soutient les entreprises en leur offrant des conseils, des informations sur le secteur, des possibilités de mise en réseau et des réductions auprès de partenaires.
La fédération représente quelque 10.000 employeurs actifs dans le secteur de la mobilité. Sa vision est façonnée par les opinions, les points de vue et les intérêts de ses membres. TRAXIO dispose d'une équipe de professionnels spécialisés dans les questions de garantie, de fiscalité et d'environnement, ainsi que dans les questions juridiques, techniques ou sociales, entre autres.
Une communication intensive est assurée par le biais d'un bulletin d'information mensuel, d'une lettre d'information électronique, du magazine TRAXIO, du site web et des médias sociaux, ainsi que de nombreuses publications.
Qu'est-ce que TRAXIO signifie concrètement pour ces membres?
"Outre les négociations sociales que nous menons pour le secteur, nous essayons de représenter nos membres auprès de toutes sortes d'autorités et de les guider à travers des réglementations de plus en plus complexes. Pour ce faire, nous disposons de plusieurs spécialistes en interne."
"Je suis moi-même spécialisé dans l'homologation. Il s'agit d'une question particulièrement complexe dans notre pays, d'autant plus que la compétence est répartie entre les trois régions. Nous essayons de clarifier les voies à suivre en vue de la reconnaissance et de l'homologation. En effet, certaines conversions ne peuvent pas être simplement homologuées en tant que normes. Parfois, une voie spécifique est nécessaire et nous la supervisons."

"Malgré les compétences régionales, nous avons réussi à faire de TRAXIO une histoire plutôt nationale, grâce à une consultation étroite et à une coopération intense. Par exemple, les trois régions et les centres d'inspection s'assoient chaque mois autour de la table avec nous pour clarifier les choses. Il peut s'agir d'un système de freinage très complexe, mais aussi de questions simples. Bien entendu, tout se fait dans le plus grand respect de la réglementation, qui est la même pour toute l'Europe et doit le rester."
Comment les carrossiers belges se positionnent-ils par rapport aux autres acteurs européens?
"L'uniformisation des réglementations européennes permet aux entreprises belges d'aller plus facilement à l'étranger, même si le mouvement inverse est bien sûr aussi possible. Nous l'avons constaté avec la faillite de Van Hool, l'un de nos plus grands carrossiers. Les Allemands se sont engouffrés dans la brèche et ont utilisé des marges très faibles, en partie à cause de la production de masse."
"Des opportunités d'exportation en Europe sont nécessaires. La concurrence dans le secteur est féroce"
"Les Belges, quant à eux, sont plus spécialisés dans la personnalisation. La Belgique est un pays de PME et a donc des exigences spécifiques. Nos clients achètent par véhicule et ne commandent généralement pas cinquante véhicules à la fois. Un autre point fort de nos carrossiers belges est leur service. Si un problème survient sur un véhicule donné et l'empêche de prendre la route, le client peut toujours se rendre dans les points de service prévus à cet effet. En effet, la réparation d'un véhicule modifié n'est pas à la portée d'un garagiste débutant."
Sur quelles actions concrètes travaille-t-on chez TRAXIO Construct?
"En Belgique, pour un véhicule utilitaire nouvellement immatriculé, il est d'abord nécessaire de passer une inspection. Chez TRAXIO, nous trouvons cela curieux. Nous pensons que la réglementation est trop stricte à cet égard et les centres d'inspection partagent également cet avis. De plus, cette première inspection n'existe pas dans les pays qui nous entourent. C'est pourquoi nous examinons avec les autorités et les centres d'inspection la manière dont nous pouvons supprimer progressivement ce premier contrôle technique obligatoire."
"Ce processus est actuellement en cours et nous avançons bien. Nous espérons que ce dossier aboutira au cours de l'automne. Dans un premier temps, nous souhaitons que les deux systèmes coexistent. Ceux qui veulent entrer peuvent passer l'inspection initiale. Ceux qui ne le souhaitent pas resteront dans le système actuel. Nous pourrons mettre à profit cette période pour déterminer les éléments qui doivent encore être ajustés."
L'étroitesse du marché du travail constitue un défi général pour presque toutes les professions dans notre pays. Est-elle particulièrement marquée sur un marché spécialisé comme celui de la carrosserie?

"J'entends beaucoup de nos membres dire que les gens regardent dans notre direction pour faire quelque chose à ce sujet. Mais en toute honnêteté, je dois dire que nous ne résoudrons pas ce problème en un claquement de doigts. Je suis donc convaincu que nos nouveaux gouvernements devront prendre des mesures drastiques en matière d'organisation du travail et de marché de l'emploi. Tout le monde est à peu près d'accord sur ce point."
"Il n'en reste pas moins qu'en tant que fédération, nous avons un rôle important à jouer, au moins pour faire connaître notre profession, mais tout autant en termes de formation."
Alors, à quoi ressemblent concrètement ces formations?
Nous préparons actuellement une formation intitulée: "Bienvenue chez le constructeur en carrosserie". Il s'agit d'une formation dans laquelle les participants acquièrent des connaissances qu'ils peuvent immédiatement appliquer dans l'atelier. L'accent est mis sur les connaissances dont ils ont besoin tous les jours au travail. Aucune connaissance préalable n'est requise et la formation est accessible à tous les acteurs du secteur, qu'ils soient techniciens ou non.
"Les marques veulent plus d'impact. Faut-il voir cela comme une menace ou plutôt comme un défi à relever?"
"Naturellement, les directives des fabricants sont également couvertes. Les constructeurs ont chacun leurs lignes directrices spécifiques qu'ils doivent obligatoirement suivre lorsqu'ils convertissent et complètent leurs véhicules de base. De même, les directives spécifiques à suivre pour les moteurs électriques seront également discutées."
"Avec cette initiative, TRAXIO Construct souhaite mettre en avant la profession de carrossier et la faire mieux connaître sur le marché du travail. Après tout, il s'agit d'un métier magnifique et fascinant qui a un impact considérable sur la sécurité routière au quotidien, mais qui est donc encore un peu trop méconnu."
Quel autre défi majeur voyez-vous pour le secteur?

"Sans aucun doute, les réglementations évoluent très rapidement. Depuis le 7 juillet, nous avons à nouveau dû faire face à de nombreux changements. Pour une petite entreprise, suivre et appliquer ces réglementations représente un travail de titan. L'époque où la réceptionniste pouvait s'occuper de toute la paperasserie est définitivement derrière nous."
Le secteur de la carrosserie se prépare-t-il à d'importantes évolutions, ou travaillerons-nous encore comme aujourd'hui dans cinq ans?
"L'expérience me montre que tout change très vite. L'une des évolutions qui nous attend est l'impact des marques. Dans les voitures particulières, c'est le cas depuis bien plus longtemps, mais aujourd'hui, les choses changent aussi dans le segment des poids lourds."
"Les sept grandes marques essaient de plus en plus d'introduire des camions déjà transformés dans les showrooms de leurs concessionnaires. Cela représente une menace sérieuse pour la personnalisation que nos membres savent si bien faire. Il est difficile d'estimer à ce stade si ces marques parviendront effectivement à générer plus d'impact de cette manière. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une évolution que nous devons suivre de près."