De l'automobile à la mobilité
impact sur notre écosystème
En matière de mobilité, l'opinion publique a beaucoup évolué ces dernières années. Au départ, le secteur automobile se concentrait uniquement sur la production de véhicules, mais aujourd'hui, cette approche a bien changé. Une évolution qui s'explique par de nombreux facteurs. Selon l'expert en mobilité Lukas Neckermann, la crise de la Covid n'est pas anodin dans ce changement de mentalité. Il a défendu son point de vue lors d'un webinaire, organisé par Carglass.
La mobilité et son propre écosystème
Au cours des 120 dernières années, nous avons davantage pris conscience de de l'industrie automobile, mais cela n'a pas toujours été le cas. Il va sans dire qu'il fut un temps où les stations-service n'existaient pas. À l'époque, les conducteurs allaient encore acheter leur essence dans des bouteilles en verre chez le pharmacien. C'est ainsi que l'industrie pétrolière a débuté, mais la mobilité a également eu un impact sur de nombreux autres secteurs. L'immobilier et les infrastructures, par exemple. Environ 30 % de nos espaces urbains sont réservés aux voitures (places de stationnement, routes...) et la plupart de nos maisons disposent d'un garage pour garer notre voiture en toute sécurité. En outre, la mobilité a également un impact sur les transports publics. Plus il est facile de posséder une voiture, moins les gens auront tendance à utiliser les transports publics.
"La mobilité a un tel impact sur les autres secteurs qu'elle les modifie. De plus en plus de parkings offrent désormais la possibilité de recharger les voitures électriques ou fournissent un espace supplémentaire pour des initiatives telles que le covoiturage. Les transports publics évoluent également. Nous le constatons avec l'essor des 'on demand buses', ou bus à la demande." Nous ne pouvons pas y échapper. La mobilité est en pleine révolution et c'est autour d'elle que s'articule la vie de nombre d'entre nous.
COVID-19 : un évènement charnière
Outre l'impact de la mobilité sur les différents secteurs, plusieurs facteurs ont également un impact sur la mobilité. C'est le cas de la crise du coronavirus. Comme dans de nombreux secteurs, la pandémie a complètement bouleversé le modèle économique de la mobilité, pendant et après la crise. Pendant la pandémie, les ventes de véhicules ont énormément chuté en Europe, puis le type de véhicule a changé. Les véhicules électriques sont à présent en plein essor et représentent environ un tiers de l'ensemble des véhicules dans l'UE.

autres moyens de transport
"Une étude montre que les transports publics vont connaître une période difficile de deux à trois ans", poursuit M. Neckermann. "Parmi les personnes interrogées, seuls 57% à 77% de ceux qui utilisaient les transports publics avant COVID-19 le feront encore. Le covoiturage et d'autres initiatives similaires connaîtront un statu quo. Les deux moyens de transport qui sortent gagnants de cette pandémie sont les voitures elles-mêmes - qui ont suscité le plus d'enthousiasme - et tout ce qui peut se propulser sur deux roues."
Les vélos électriques ont véritablement percé en Europe au cours des 12 derniers mois, et sont carrément les vélos les plus vendus sur le continent. Ces vélos sont principalement utilisés pour les courtes distances, pour lesquelles le bus ou le tram était auparavant le moyen de transport privilégié. "Ce mode de transport permet aux consommateurs de se déplacer en toute sécurité." En outre, la distanciation sociale a également poussé les usagers à se tourner vers ces alternatives.

moins de déplacements domicile-travail
Le plus grand changement que la pandémie a apporté en termes de mobilité est sans aucun doute le travail à domicile. Avant que la crise sanitaire ne contraigne l'Europe à un confinement général, seuls 5,4 % des travailleurs européens travaillaient à domicile. Aujourd'hui, nous constatons qu'environ 25 % des personnes travaillent à domicile à plein temps. Cela signifie que beaucoup moins de personnes doivent se rendre au travail au même moment. Avant le confinement, la plupart des gens travaillaient au bureau cinq jours par semaine, alors qu'aujourd'hui la moyenne est de trois. Par personne, cela représente une réduction de 40 % des transports, avec toutes les conséquences que cela implique.
"Les besoins de la population ont changé, et liés à cela, les infrastructures peuvent également changer. Dans le passé, la plupart des gens travaillaient de 9 à 17 heures, ce qui signifiait que tout le monde était sur la route en même temps. Aujourd'hui, les gens choisissent uniquement d'être présents en personne à une réunion. Cela évite les embouteillages et il y a moins d'utilisation des transports publics, ce qui peut à terme entraîner des changements d'infrastructure."

"Notre utilisation de la ville va également changer. Dans la plupart des endroits en Europe, il y a des villes primaires et secondaires. La plupart des possibilités d'emploi étaient offertes dans les villes principales ou leurs banlieues, ce qui signifie que la plupart des travailleurs devaient venir ici pour travailler. Étant donné que davantage de personnes peuvent désormais travailler à domicile, nous assisterons à un glissement de l'urbanisation vers les villes secondaires, en les modernisant. Les axes entre les différentes villes vont donc devenir plus importantes."

Le secteur de la mobilité aujourd'hui
Le smartphone avant le volant
"Alors, comment allons-nous nous déplacer dans le futur ? Nous pouvons choisir de nous déplacer en utilisant différents modes de transport. Nous pourrions n'utiliser notre voiture que pour nous rendre dans un endroit plus proche et, de là, nous pourrions utiliser un scooter ou un vélo électrique. Bien sûr, cela signifie qu'il faut voir d'une certaine manière si de telles options de transport sont disponibles."
Ainsi, en termes de mobilité, le smartphone va également jouer un rôle de plus en plus important dans la vie des consommateurs. Grâce au smartphone, vous pouvez vérifier à tout moment - en temps réel - quelles sont les options de transport qui s'offrent à vous et quels sont les problèmes potentiels qui vous attendent, comme les embouteillages et les accidents. C'est ce que l'on appelle dans le secteur de la mobilité le MAAS (Mobility As A Service).

Nouveaux acteurs sur le marché
Il est donc clair qu'il y a une grande différence entre l'industrie automobile que nous connaissions et le secteur de la mobilité d'aujourd'hui. Au cours des quelque 120 dernières années, l'industrie automobile s'est concentrée sur la production de véhicules, mais aujourd'hui, cette perspective a changé et n'est pas toujours compatible avec l'intention initiale. Aujourd'hui, l'industrie automobile s'attache à mettre en service des véhicules de la manière la plus économique possible, comme c'est le cas pour le covoiturage. Il existe un risque croissant que le client d'un garage ne soit plus le véritable client final, comme cela a été le cas pendant toutes ces années. Aujourd'hui, il est peut-être propriétaire d'une voiture.
Nous assistons donc à un changement dans la chaîne de valeur. Auparavant, il était composé de fournisseurs, de fabricants et de distributeurs. Il existe désormais d'autres acteurs sur le marché, tels que les opérateurs de mobilité et les agrégateurs de mobilité. Ils s'assurent que lorsque le client final dit qu'il veut aller de A à B, un itinéraire est tracé via son smartphone en utilisant le bon moyen de transport.
