LE SERVICE ET LA REPARATION FUTURS DEMANDENT-ILS ENCORE UN ATELIER?
'CLIENT VERS L'ATELIER' DEVIENT 'ATELIER VERS LE CLIENT'

A quoi ressemble l'atelier du futur? Quiconque y réfléchit, définit dans la plupart des cas à quoi cet atelier doit satisfaire d'un point de vue technique. Pour une réponse à la question, il vaut mieux partir de deux autres questions. A quoi ressemblera la mobilité de demain? Qui sera notre client demain, et quels seront ces besoins et exigences? Dès que nous en avons une vision claire, nous pouvons réfléchir à l'impact sur l'atelier.
ACES EST LA MOBILITE DE DEMAIN
A l'avenir, nous nous déplacerons dans des moyens de transport autonomes (Autonomous), connectés (Connected), électriques (Electric) et partagés (Shared). Ou mieux des 'solutions de mobilité', car si nous réfléchissons à la mobilité du futur, il vaut mieux cesser de penser en termes de voitures particulières. Ne commettons pas, s'il vous plaît, la même erreur que Henry Ford, lorsqu'il a lancé sur le marché sa première voiture avec un moteur à combustion en 1986 et n'a pas été plus loin sur la planche à dessin qu'un attelage avec un moteur qui remplaçait les chevaux. La mobilité ACES aura un tout autre aspect que le stéréotype de la voiture particulière avec à l'avant un capot moteur et à l'arrière un hayon.
L'impact de l'ACES excédera largement le cadre du secteur automobile. ACES est un virus qui infectera chacun et qui apportera le changement dans des secteurs tels que l'aéronautique, les villes, les assurances et oui, même le marketing. Etant donné que le courant dominant de la mobilité sera proposé de façon ACES, la plus grande partie du service et de la réparation pour l'atelier en découlera.
QUI FINANCERA LE SERVICE ET LA REPARATION?
Qui détermine le lieu et l'exécutant des travaux? Qui paie la facture du service et de la réparation? Assurément pas la personne privée, car celle-ci ne paiera plus pour la mobilité que selon le 'pay per use' ou 'Mobility as a Service' (MaaS) et ne sera plus le possesseur de la mobilité - sous la forme d'une voiture.
Mais qui alors? Une entreprise, l'entreprise de leasing ou la compagnie d'assurance? Ce sont les parties chez qui nous devons aujourd'hui faire pression et conclure des accords pour remplir notre atelier. Mais mèneront-ils encore la danse demain dans l'envoi de travail? Nous verrons certainement arriver une partie en plus, le 'mobility provider', chez qui le 'mobility user' prend sa mobilité. Les chances sont réelles que ce 'provider' supporte les coûts de service et de réparation, et détermine donc qui les exécute.
A moins que ce provider fasse financer son parc de mobilité par une entreprise de leasing, car nous devons alors nous y adresser et il n'y aura pas grand changement. Mais le mobility provider veut-il absolument être le possesseur des solutions de mobilité? Et cette possibilité lui est-elle aussi proposée? Ici, nous parlons, en effet, de véhicules autonomes full level, pour lesquels le constructeur de cette technologie est à tout moment responsable pour le comportement de conduite et la cybersécurité. Outre des mises à jour sécuritaires continues, cela implique un cycle de vie limité. A un moment donné, le matériel n'autorise plus des mises à jour. Est-ce alors une bonne idée de vendre ces voitures? En effet, un matériel obsolète n'est plus sécurisant et en principe, les voitures ne peuvent plus circuler.
Uber collabore avec certains constructeurs automobiles (e.a. Volvo, Toyota en Daimler). Les constructeurs dotent le véhicule de la technologie pour l'autonomie, Uber s'occupe de la visibilité des voitures pour la réservation dans sa plate-forme de mobilité. Le constructeur reste donc à tout moment propriétaire du véhicule. Uber et le constructeur se partagent les revenus des réservations. Le constructeur finance donc le service et la réparation.

QUI EXECUTE SERVICE ET REPARATIONS?
Une question suivante est: qui peut exécuter le service et la réparation pour le constructeur? Leurs concessions de marque? Et quid du réseau de garages indépendants? Ont-ils des chances équitables dans une telle disposition? Une autre construction est celle chez Waymo (appartenant à Google). Cette entreprise achète des véhicules ordinaires (essentiellement chez FCA et Jaguar), pour y intégrer ensuite sa propre technologie autonome et les mettre en service dans sa plate-forme de partage. Dans cette construction, les cartes pour le marché indépendant sont redistribuées.

L'IMPACT DE LA CONDUITE AUTONOME SUR L'ATELIER
Par la conduite autonome, nous avons ouvert la voie vers le 'zero accidents'. Concrètement, cela implique que l'atelier du futur ne devra plus compter sur un grand nombre de réparations de carrosserie - à l'exception du vandalisme et des dégâts dus aux intempéries naturellement. D'un autre côté, les voitures autonomes seront truffées de caméras, radars et lidars, qui devront être traités avec le plus grand soin et la plus grande spécialisation. Nous voyons déjà aujourd'hui un précurseur avec ADAS (Advanced Driver Assistance Systems) sur la génération actuelle de véhicules Nous devons encore les cataloguer comme 'systèmes d'assistance à la conduite', mais ils génèrent déjà plus de chiffre d'affaires dans l'atelier. Regardez les chiffres de Carglass, filiale de Belron, qui doit surtout sa croissance actuelle au chiffre d'affaires supplémentaire que génère l'étalonnage indispensable des systèmes ADAS après le remplacement du pare-brise. Mais dans ce cas, vous devez bel et bien, en tant qu'atelier, investir dans les outils d'étalonnage nécessaires, les bons outils de diagnostic et un peu de formation. En contrepartie, vous recevez un certain 'retour sur investissement et, vu que ces systèmes ne feront qu'augmenter, les perspectives sont prometteuses à plus long terme. La seule remarque est l'aspect sécurité, tel que décrit dans le chapitre ci-dessus. Aujourd'hui, il manque un cadre légal qui décrit qui peut ou doit faire quoi sur le plan de l'étalonnage des systèmes ADAS. Mais si nous évoluons vers l'entièrement autonome, la donne change, et la question est de savoir qui sera habilité à pouvoir étalonner ces systèmes autonomes.
L'IMPACT DU CONNECTE SUR L'ATELIER
Avec qui et quoi le véhicule ACES sera tout à l'heure connecté? Une petite énumération: le mobility provider, le mobility user, le constructeur, l'atelier, les autres véhicules/usagers de la route et l'infrastructure. Dans le jargon professionnel, nous nommons ceci la communication V2X (Vehicle-to-everything). Outre les possibilités de connexion, l'intelligence des véhicules progressera énormément. Avec son Intelligence Artificielle (Artificial Intelligence), une telle voiture autonome sera bientôt plus que jamais capable de poser un diagnostic. Grâce à la connectivité poussée, l'atelier sera ensuite mis au courant et les pièces nécessaires seront commandées à temps, ce qui améliore la fluidité dans l'atelier. Un haut niveau de service et de réparation prédictifs s'annonce. Cela offrira surtout de nombreux avantages pour celui qui doit payer les frais d'entretien, car le diagnostic posé par le véhicule ne sera pas seulement compréhensible pour l'atelier, ce qui autorise une forme de contrôle. Et bien entendu, le mobility provider en profite aussi, car plus le service et la préparation sont prévisibles, plus l'exécution des réparations sera efficace, et donc plus le véhicule sera longtemps opérationnel.
Questions sans réponses
La voiture connectée n'a-telle donc que des avantages? Hélas, non. Car avec quel(s) réseau(x) de service et de réparation sera connecté le véhicule ACES? Une partie indépendante gérera-t-elle la plate-forme 'connected cloud', de manière à créer une sorte de plate-forme 'open source' qui offre aussi des possibilités pour les réseaux non liés au constructeur? Et ne serons-nous pas pressés par ce haut niveau de transparence? De nombreuses questions auxquelles nous ne pouvons pas apporter de réponses aujourd'hui, et cela recèle à la fois des opportunités et des menaces. Concentrons-nous sur les opportunités et saisissons-les.
L'IMPACT DE LA PROPULSION ELECTRIQUE SUR L'ATELIER
Les chiffres montrent déjà aujourd'hui que les coûts d'entretien sur les voitures électriques sont inférieurs de 50% à ceux des voitures à moteur à combustion. Le système de traction proprement dit est quasi sans entretien. A cela s'ajoute que cette propulsion électrique est nettement moins complexe que les moteurs à combustion Euro 6 actuels. Ceci fait que vous devez détenir le double de véhicules en portefeuille pour un même chiffre d'affaires.Une énorme menace, penseriez-vous en premier lieu, et pourtant, des opportunités existent. Un atelier multimarque sera nécessaire pour réaliser les volumes requis. Si vous êtes déjà orienté multimarque, vous avez une longueur d'avance. Mais cher garage multimarque, attention, car la plus faible complexité des tâches de service et de réparation ordinaires (nous ne considérons pas l'étalonnage des capteurs) offre des possibilités aux entreprises fitter actuelles, entreprises de carrosserie et marchands de pneus pour s'arroger une part du gâteau et réaliser une croissance du chiffre d'affaires. En outre, les marques (constructeurs) se regroupent de plus en plus, quelques-unes travaillent déjà avec des formules d'atelier multimarque pour compenser la baisse du flux entrant et caressent d'autres plans pour percer sur ce marché.
L'IMPACT DE LA MOBILITE PARTAGEE SUR L'ATELIER
Les solutions de mobilité ACES seront engagées 24/7. Donc: plus de kilomètres sur une période plus courte, et en conséquence des tâches de service et de réparation plus fréquentes. Cette donnée compensera en partie les coûts d'entretien inférieurs de 50%. D'autre part, le souhait du mobility provider sera la disponibilité la plus longue possible de ses véhicules, au moyen des travaux de service et de réparation. Ces travaux devront donc être exécutés lors de périodes d'arrêt, des créneaux durant lesquels la demande de mobilité est minimale, donc essentiellement la nuit. Ajoutons que les tâches d'entretien sont moins complexes et très prévisibles, et vous pouvez être certain que le service et la réparation on the spot seront un must pour fidéliser le parc de véhicules d'un tel mobility provider. Les solutions autonomes, électriques et de mobilité partagée devront faire l'objet d'un service aux moments où ils ne sont pas utilisés et branchés en charge. La prestation de services de l'atelier représentera à l'avenir un USP plus important que le bagage technique. L'atelier se rend donc vers le client - au moment où le client le souhaite - et pas l'inverse. La question est donc de savoir si nous avons encore besoin d'un atelier pour les tâches de service et de réparation ordinaires.
CONDITIONS POUR UN PARC DE VÉHICULES ACES BIEN HUILÉ
Quels travaux sont nécessaires demain pour entretenir le parc de véhicules ACES du 'mobility provider' (fréquence sur la base d'une utilisation 24/7):
- Charger (probablement de façon autonome): 4x/jour
- Nettoyer: 2x/jour
- Entretien: 1x/mois
- Etalonnage capteur: 1x/mois
- Réparations: 1x/an
Posez-vous les questions suivantes:
- Lesquelles de ces tâches puis-je exécuter?
- Où puis-je exécuter ces tâches?
- Quand puis-je exécuter ces tâches?
- Chez qui dois-je frapper pour obtenir ce travail?
Rassemblez les réponses et donnez forme à votre business plan pour votre futur atelier.