Paranoia verte aux conferences de presse
RUBRIQUE – FERRE BEYENS, ANALYSTE/JOURNALISTE AUTOMOBILE
Il y a trente ans, nous testions au Lake Tahoe (USA) les prototypes d’E(lectric) V(ehicle) ‘number one’ de GM. Comme nous étions enthousiastes! Car nous ignorions encore ce que nous savons aujourd’hui. Rouler en voiture électrique constitue certes jusqu’ici le thème de discussion d’une expérience de conduite ultime. Mais quid de la neutralité en CO2, du respect de l’environnement et de l’efficacité énergétique? La propagande sur les atouts de l’électrification automobile? Le réalisme technologique et 30 années d’e-praxis ont donc modéré l’enthousiasme né au Lake Tahoe. Surtout après que des activistes climatiques hystériques ont vu dans la voiture électrique le ‘véhicule’ de leur politique de symboles et manœuvré ‘l’électrification’ dans un contexte non pertinent sur le plan technique. Balayant ainsi sans vergogne de la main toute l’expérience pratique et la sagesse, que nous avons tirée de l’enseignement technique supérieur.
“Les conférences de presse deviennent des happy events ou des activistes sortent de plus en plus souvent le tambour”
Les médias continuent à duper massivement le public, la panique climatique fait loi et tout sens du réalisme technique est tabou. “A une époque où les rédactions, les personnalités politiques et les ‘informateurs’ préfèrent jouer aux thérapeutes au lieu de diffuser des faits et chiffres objectifs, les informations claires manquent.” Frank Thevissen, doc-teur en sciences de la communication, s’exprime sans détours. Autrefois maître de conférences en sciences de la communication (VUB), il est fui dans la presse ‘sérieuse’ parce qu’il a conclu que l’influence politique donnait le ton rédactionnel et que le réseautage entre journalistes et responsables politiques neutralisait la réserve critique. Comme la politique reste basée sur le ‘contrôle’ de la presse … une scandaleuse ‘mise à l’écart’ attendait aussi Thevissen.
Nous pouvons donc nous inquiéter des normes de qualité douteuse de l’information publique. Dans le cadre de l’approche journalistique de questions scientifiques et technologiques – proches de nos domaines liés à l’automobile, il n’en va pas autrement. Cela risque encore d’empirer. La plupart des journalistes accordent, par ailleurs, leur sympathie aux escrocs du CO2 ou aux ‘informateurs’ surfant sur les vagues de la bêtise climatique. Les conférences de presse suivent le mouvement et notre domaine n’échappe ainsi pas non plus à la paranoïa climatique mise en scène par les médias.
La technologie du diesel reste confrontée à des tapis de bombes d’annonces trompeuses. Les ‘gazettes sérieuses’ rédigent des scénarios catastrophe médiatiques sur les émissions de diesel. Tout constat scientifique et ayant fait l’objet de mesures pratiques reste l’air de rien sous le radar des médias. Où lisons, entendons ou voyons-nous que l’énergie éolienne et solaire ne répondront jamais à notre besoin d’énergie primaire? Quel journal ‘sérieux’ a publié en gros titre – en première page, sur cinq colonnes – que le facteur nocif numéro un n’était pas les émissions à l’échappement mais bien les autres émissions de véhicules? Quelle gazette ou chaîne de TV a entre-temps expliqué que les voi-tures électriques n’étaient PAS neutres en CO2, écologiques et encore moins économes en énergie?
Il y a des choses contre lesquelles on peut difficilement se battre: un dérèglement orchestré par les médias est l’une d’entre elles. Un dérèglement dû à une ‘infodémie’, un excès d’informations avec un risque de tromperie. Qui sait encore qui ou que croire dans ce chaos de l’information? Les journalistes en sont déjà réduits à l’état de remplisseurs de colonnes. Ils doivent combler les espaces vides apparaissant aujourd’hui entre les annonces publicitaires dont le nombre et la taille diminuent fortement. Maussades derrière le clavier de leur portable, ils se laissent volontiers inspirer par les chimères de prédicateurs climatiques du CO2 et autres. L’espace est comblé par du texte élégant. Par une ‘production littéraire’ hélas, dont le contenu doit être qualifié d’âneries technologiques.
Notre domaine n’échappe pas au cynisme de ce genre de journalisme. Prenez l’‘électrothérapie’. Les voitures électriques ne sont pas neutres en CO2. L’énergie électrique – issue de la batterie ou de la pile à combustible – ne délivrera qu’en partie la voiture de son vice héréditaire de CO2. Une toute petite réflexion technique suffit pour le comprendre. Mais en tant que journalistes spécialisés de formation technique, nous sommes assaillis chaque jour de documents et de présentations à la presse prétendant le contraire. On nous ment impunément avec les chiffres de CO2 complètement faux de voitures à batterie, hybrides plug-in ou autres véhicules salutaires à ‘rallonge’.
L’information médiatique générale concernant le caractère neutre en CO2 et écologique des voitures électriques se situe à un niveau très bas. Avez-vous lu ou entendu quelque part qu’une batterie à faible valeur d’énergie exigeait aussi – proportionnellement – moins d’énergie de conversion qu’un accu à haute capacité pour stocker une même quantité d’énergie? Ou que des batteries plus petites pesaient moins et qu’une voiture électrique en étant équipée consommait aussi moins d’énergie? Que l’usure des pneus et des freins – la principale cause de formation de poussière et de suie – était moindre avec une petite batterie? Je ne me souviens que d’une seule présentation à la presse (et encore, pour les médias à spécialisation technique) où la plus-value de batteries plus petites était expliquée clairement aux journalistes présents. Il n’y a que lors de deux, maximum trois conférences de presse qu’il a été démontré que la neutralité en CO2 des EV était complètement erronée d’un point de vue technologique.
On trouve plus de moralité dans une cage de singes qu’à certaines présentations à la presse. Cela semble grossier mais il s’agit de la vérité. Autrefois, l’ingénieur pouvait nous fournir une explication technique intéressante. Aujourd’hui, les conférences de presse se transforment – dans notre domaine aussi – de plus en plus en ‘happy events’ où des activistes verts sortent les tambours. Des réunions, où l’indifférence grandit face aux scientifiques et aux personnes technologiquement qualifiées gardant une réserve critique par rapport à toutes ces histoires de climat activistes.
Pour vous en rendre compte, vous pouvez nous accompagner à une conférence de presse organisée récemment … ou du moins présentée comme telle. Parmi les participants: quelques représentants politiques, le ministre-président flamand, des bourgmestres, des échevins du port et une série de représentants d’organisations patronales et sectorielles. Parmi les participants, je vois (tout au plus) cinq collègues, pouvant considérer notre domaine comme leur spécialité. En tant que vieux briscard, vous comprenez ce qui va se passer ... Comment une conférence de presse en est réduite à une réunion – financée par l’industrie (automobile) – lors de laquelle les redresseurs de torts verts battent librement et en faisant abstraction de toute logique technologique le tambour et endoctrinent les personnes présentes au lieu de les informer. Il s’agit de politique de symboles déguisée, d’‘information’ sous le couvert d’une conférence de presse. Francesca Vanthielen, actrice, présentatrice et – surtout – activiste, s’empare du micro. Elle affirme que les voitures électriques sont neutres en CO2, que l’électrification automobile est salutaire pour notre environnement ... En toute hâte, je fuis ces explications vertes. Je continue donc à chercher la vérité dans des cours sur l’électricité, avec ou sans dynamo. Dans la matière sur le magnétisme, les conversions électriques, la thermodynamique, l’électronique. Dans les nombreuses notes résultant de décennies de conduite EV dans le monde. Un dérèglement orchestré par les médias est difficile à combattre. Cela est et reste toutefois la technologie qui doit réaliser les rêves verts. La paranoïa activiste ne pourra pas y contribuer.